Martin Vivès de l’ombre à la couleur
Laetitia Canal, 2002, édité par l’association des amis de Martin Vivès.
Prix culturel 2002 de l’Association des cadres catalans de Paris.

A livre ouvert

Préface

Il est des artistes qui peignent seulement pour leur cœur et leur âme et se croiraient perdus s’ils quittaient la source à laquelle ils ont bu dès leur enfance. S’éloigner pour conquérir sinon le monde du moins Paris qui est, en quelque sorte, le passage obligé, apparaîtrait comme une trahison. Martin Vivès était beaucoup trop conscient que son art devait son éclosion à la sensualité de la Catalogne, à ses couleurs fauves, à ses parfums. Le seul reproche qu’on puisse lui adresser est cet excès de modestie, mais, dans cette modestie, dans cette fervente prière à la terre de son pays, il a puisé ses certitudes et sa fécondité. Une œuvre qui, délibérément s’inscrit en marge des plus grands (on pense à Derain, à Matisse, à Friesz) est vouée, un jour à les rejoindre. L’artiste croit n’avoir peint que pour son intime plaisir et ses proches, mais les “happy few” se sont passés le flambeau avec une fidélité que n’ombrait pas l’esprit de spéculation et l’œuvre a gardé toute sa liberté.

Face aux toiles de Martin Vivés, une tranquille assurance gagne le cœur du voyeur. Tout, ici, respire le bonheur de vivre en paix avec les beaux fruits de la nature, au sein des paysages paradisiaques de la Cerdagne et du Vallespir, au bord des plages de sable où reposent et se dorent le corps des femmes auxquelles Vivès vouait les même culte que Maillol.

La fête attendait son initié, un artiste prompt à saisir sur le vif l’instant miraculeux, l’esquisse d’un geste ou d’un silence de la pose, une foire et ses bateleurs. Je connais peu de grâce plus généreuse que cette invite à partager un tableau, à surprendre une lectrice penchée sur son livre, une mère à demie nue sur la plage se tourner vers l’intrus, une voile bientôt disparaître derrière un cap. Même les paysages sont en mouvement : des ombres et de soudaines clartés percent le feuillage qu’agite la tramontane ; l’approche d’un orage assombri le ciel ; des champs de lavande tiédissent au soleil ; la vigne roussit à l’approche de l’Automne. La Nature de Martin Vivès est une vivante déesse, un cantique élevé au Cantique des Cantiques. Au creux de cette nature bénite, l’Homme s’est construit d’humbles maisons pour sages ermites, a élevé des tours pour ses défenseurs, des églises et des abbayes pour remercier Dieu de ses bienfaits. Ce monde vécu est un enchantement. D’autres peindront les tourments de l’Homme. Même réfugié dans son paradis, Vivès n’y a pas été insensible. En marge de son art si résolument tourné avec une gourmande sensualité vers le bonheur, il a prêté l’oreille aux misères du siècle, mais c’était son domaine privé que, le devoir accompli, son œuvre repoussait dans l’ombre pour ne plus connaître que “calme et volupté”.

Michel Déon, De l’Académie française.

Livre Martin VivèsLivre Martin VivèsLivre Martin VivèsLivre Martin Vivès

à livre ouvert

De l’ombre à la couleur

Laetitia Canal

Format 24x30 cm, 124 pages. Prix 39 euros

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Autres publications


  • Benezit,
    Dictionnaire des peintres, sculpteurs et graveurs,
    Gründ, Paris.
  • George-Henri Gourrier,
    Martin Vivès, Maestros actuales de la pintura y escultura catalanas,
    Gran Enciclopedia Vasca, Bilbao, 1980.
  • Catalogue,
    Vivès,
    Museu de l'Emporda, 1980.
LIVRE:

Article sur Martin Vivès publié dans le livre de Laetitia Cologni: Michel Déon, Pages Catalanes disponible en librairies: Torcatis et Chapitre à Perpignan, Fosse à Paris

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